Le bonheur rend…
«
Le bonheur rend aveugle.
»
Cette phrase est attribuée par de nombreux sites de citations à Eschyle. Elle est pourtant introuvable dans l’œuvre du poète tragique grec. On la relève dans le chapitre sur Eschyle des Sentences dans la poésie grecque, de Trumbull Stickney :
Atossa, avant de décrire ses offrandes, pose en principe que le malheur une fois déchaîné fait tout craindre alors que le bonheur rend aveugle.
Trumbull Stickney, Les Sentences dans la poésie grecque, p. 164.
Toutefois, le passage n’est pas entre guillemets. Il ne s’agit donc pas d’une citation mais d’une paraphrase du début d’une tirade de la Reine dans Les Perses :
φίλοι, κακῶν μὲν ὅστις ἔμπειρος κυρεῖ
ἐπίσταται βροτοῖσιν ὡς ὅταν κλύδων
κακῶν ἐπέλθῃ, πάντα δειμαίνειν φιλεῖ·
ὅταν δ᾿ ὁ δαίμων εὐροῇ, πεποιθέναι
τὸν αὐτὸν αἰεὶ δαίμον’ οὐριεῖν τύχης.
Amis, quiconque a connu le malheur sait que, du jour où a passé sur eux une vague de maux, les hommes vont sans cesse s’effrayant de tout, tandis qu’au milieu d’un destin prospère ils croient que le destin qui leur porte bonheur soufflera toujours.
Eschyle, Les Perses, 598-602, dans Eschyle, vol. I.
Sources
- Eschyle, « “Le bonheur rend aveugle” », « Citations », Le Figaroscope [en ligne], s. d. [consulté le 12 mai 2023].
- Eschyle, Les Perses : tragédie, expliquée en français, trad. Fleury Lécluse, Paris, Jules Delalain et Cie, 1840.
- Eschyle, Eschyle, éd. et trad. Paul Mazon, 7e éd. revue et corrigée, 2 vol., Paris, Les Belles Lettres (« Collection des universités de France »), 1961-1963.
- Stickney (Trumbull), Les Sentences dans la poésie grecque : d’Homère à Euripide, Paris, Société nouvelle de librairie et d’édition, 1903.
- Tragiques grecs, éd. Raphaël Dreyfus et Marie Delcourt-Curvers, trad. Jean Grosjean, Raphaël Dreyfus et Marie Delcourt-Curvers, 2 vol., [Paris] Gallimard (coll. « Bibliothèque de la Pléiade »), DL 1962-1967.
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