La vanité est…

par | Publié le 10.03.2023, mis à jour le 11.01.2024 | Vanité

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La vanité est le sixième sens.

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On trouve cette citation (reprise par plusieurs sites Internet) dans le Dictionnaire des proverbes, sentences, et maximes, de Maurice Maloux, qui la localise dans Histoire de la révolution française.

Soyons précis. Si l’on se réfère audit ouvrage, on découvre une phrase identique sur le fond, mais assez différente sur la forme :

Nay, as yet the Contradiction of a Lie is some kind of Belief ; but the Lie with its Contradiction once swept away, what will remain ? The five unsatiated Senses will remain, the sixth insatiable Sense (of Vanity) […].

 

Et cependant, la contradiction même du mensonge est une certaine espèce de croyance, mais une fois le mensonge avec sa contradiction disparu, que restera-t-il ? Les cinq sens insatiables et un sixième sens également insatiable : la vanité […].

Thomas Carlyle, The French Revolution : A History, Londres, vol. I (« The Bastille »), p. 21. ; trad. Élias Regnault et Odysse Barot, Histoire de la Révolution française, vol. I (« La Bastille »), p. 19.

L’origine de cette pensée est même plus ancienne, puisqu’on la trouve déjà dans Le Comte de Cagliostro :

Consider the wretchedest « straddling biped that wears breeches » of thy acquaintance ; into whose wool-head, Thought, as thou rashly supposest, never entered ; who, in froth-element of business, pleasure, or what else he names it, walks for ever in a vain shew ; asking not Whence, or Why, or Whither ; looking up to the Heaven above as if some upholsterer had made it, and down to the Hell beneath as if he had neither part nor lot there : yet tell me, does not he too, over and above his five finite senses, acknowledge some sixth infinite sense, were it only that of Vanity ?

 

Considère le plus misérable « bipède aux jambes écartées portant des culottes » de ta connaissance ; dans la tête laineuse duquel la Pensée, comme tu le supposes hâtivement, n’est jamais entrée ; qui, dans les futilités des affaires, du plaisir, ou de quoi que ce soit d’autre qu’il désigne, marche à jamais dans une vaine parade ; ne demandant ni d’Où, ni Pourquoi, ni Où ; regardant vers le Ciel au-dessus comme si un tapissier l’avait fait, et vers l’Enfer au-dessous comme s’il n’y avait aucune part : mais dis-moi, au-delà de ses cinq sens finis, ne reconnaît-il pas lui aussi un sixième sens infini, ne serait-ce que celui de la Vanité ?

Id., « Count Cagliostro », Fraser’s Magazine, vol. VIII, no 43, p. 20 ; notre trad.1.

Notes

1. Ce passage du préambule du Comte Cagliostro n’a pas été traduit dans la seule version en français de notre connaissance, aux éditions Egloff.

Sources

  • Carlyle (Thomas), « Count Cagliostro », Fraser’s Magazine : For Town and Country, juillet 1833, vol. VIII, no 43, p. 19-28.
  • Carlyle (Thomas), The French Revolution : A History, 3 vol., Londres, James Fraser, 1837.
  • Carlyle (Thomas), Histoire de la Révolution française, trad. Élias Regnault, Odysse Barot et Jules Roche, 3 vol., Paris, Germer Baillière, 1865-1867.
  • Carlyle (Thomas), Le Comte Cagliostro, trad. Georges A. Garnier, Fribourg, Egloff, cop. 1945.
  • Maloux (Maurice), Dictionnaire des proverbes, sentences et maximes, Paris, Larousse (coll. « Références Larousse », série « Langue française »), DL 1980 (éd. 1991).

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